Le vin sera "rond", un rouge sera "chaud", une musique sera "sucrée", un parfum sera "aiguë", une douleur sera"blanche"...etc...
Alors qu'il existe un langage spécifique à chaque perception sensorielle, pourquoi éprouve-t-on la nécessité de les combiner?
Jacques LINARD - Les 5 sens (1638) Huile sur toile, 55 x 68 cm, Musée des Beaux-arts (Strasbourg) |
Si les artistes utilisent très souvent, sans même le savoir, cette caractéristique du cerveau humain, qui se trouve peut être à l'origine de l'art (?), de nombreux poètes, musiciens et peintres ont pris conscience que cela se manifestait bien au-delà de la métaphore.
Goethe et Théophile Gauthier, mais aussi Kandinsky, Klee ou Kupka, Scriabine, ou Franz Litz ont théorisé de manière plus ou moins convaincante, ce que Baudelaire appelle "les correspondances", dans un poème de 1857, publié dans le recueil de poésie "les fleurs du mal".
Les progrès de la science permettent aujourd'hui de mettre en évidence non seulement ce phénomène neurologique et intellectuel, mais aussi d'expliquer la synesthésie, qui en est une manifestation sensorielle, présente chez environ 4 à 7% de la population.
Si, par exemple, pour la majorité de la population, la couleur rouge, évoque la chaleur, il provoque pour certaines personnes une vraie sensation de chaleur: une sensation visuelle devient, en plus, une sensation tactile.
Et ceci peut se produire, selon les cas, avec tout type de perception, qui sera considéré comme plus ou moins étrange par ceux qui ne ressentent pas cette mixité: des sons ou des lettres pouvant être perçus avec des couleurs, des formes avec des goûts ...etc...
Vidéo pour mieux comprendre ce qu'est la synesthésie:
Quand elle joue de la musique:
Quand ils écoutent de la musique:
Quand Scriabine compose de la musique:
Des peintres qui créent en transposant ce qu'ils entendent:
Par synesthésie: Melissa Mac Craken
Par métaphore: Vassili Kandinsky, "Symphonie en noir et violet", 1923, huile sur toile (77 × 100 cm collection privée), (ici mis en mouvement par Benjamin Casanova, 2014)
Ou ce qu'ils voient:
Vassili Kandinsky, "Jaune, rouge, bleu". Huile sur toile, 128 x 201 cm, Centre Georges Pompidou, Paris. Mis en mouvement et en musique par Benoît Voarick pour l'installation "Sonorité des couleurs". Compagnie Vire Volte, 2005
Nous sommes tous un peu synesthète, mais avouez que donner des couleurs à des sons, ou entendre des couleurs, ce n'est pas banal! Et bien difficile d'en faire partager l'expérience.
C'est comme expliquer ce qu'est la couleur à un aveugle de naissance...