mercredi 15 janvier 2014

Le monde du silence crie son appel au secours


En 2012, comme chaque année, la campagne annuelle d'Amnesty International, le Marathon des signatures tente de mobiliser le public sur la situation d’hommes et de femmes dont les droits sont bafoués. L’agence la chose a utilisé la métaphore de l'eau et du silence des profondeurs pour décliner la campagne publicitaire en un spot vidéo, trois visuels représentant différentes violations, comme la liberté d’expression, ainsi qu’une annonce radio dans lequel on peut entendre une personne se noyant et appelant à l’aide.

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Dans le film, au-delà  du scénario, le jeu de la caméra sur les points de vue, les zoom, les mouvements, l'enchainement des plans et le cadrage, permet au spectateur de prendre position, l’obligeant à s’identifier et à devenir acteur de la scène. 
L'atmosphère à la fois pesante et sereine, créée par les flous et les dégradés de couleur, est rendue dramatique par le contraste entre ce qui est raconté et la manière dont c'est raconté.
Ce travail sur l'espace cinématographique renforce ainsi la signification du film.
La bande son, totalement musicale, sans la moindre parole, accompagne de manière très sobre, à la fois les changement de plans et le scénario, grâce à l'intervention ponctuelle d'instruments différents sur un fond de guitare latino.
La narration minimaliste du film, créée par la gestion originale de l'espace, l'épure du son et l'économie du récit dans le scénario, concoure à la concentration du propos et le rend d'autant plus percutant.

Le symbole de l'océan renvoie au silence et à l'oubli, mais également de manière plus littérale, aux "vols de la mort" qui ont eu lieu de 1976 à1983 en Argentine et dont le plus grand procès a lieu cette même année 2012.
L'océan devient un tombeau, tandis que les bulles d'air qui remontent à la surface, cri du dernier souffle, deviennent symboliques d'espoir et de vie, chacune d'entre elle, si minime soit elle, pouvant, combinée aux autres, avoir le pouvoir de sauver des personnes en danger.
Comment ne pas aussi penser au film "Le grand bleu" de Luc Besson (1988) dans lequel l'appel des profondeurs mure peu à peu le plongeur dans une totale indifférence au monde.

L'organisation non gouvernementale internationale Amnesty International, en tant que commanditaire, témoigne de son temps en dénonçant dans ses oeuvres, de manière symbolique, tout ce qui, dans l'actualité, peut porter atteinte aux droits de l'homme. Elle utilise des moyens qui impliquent toujours le spectateur, en le confrontant à la réalité de manière détournée, pour provoquer un choc de conscience, sans pour autant le heurter.